I can't control myself, don't know who I've been and who is this monster wearing my skin? A movie in black and white. When will it end? 'Cause every time I scream no one hears me... It feels like I'm paralyzed, and I can't escape from the prison I'm living in. I'm naming the voices in my head, they keep on telling me to give in but it's making me stronger, fight a little longer. I'm gonna bring me back to life and I won't be paralyzed.
Votre histoire
«
Rory… Va falloir penser à sortir de là quand même, tu sais ? »
Je me renfrogne un peu plus sous ma couette. De l’extérieur, je ne sais pas si je ressemble à une momie ou une tortue mais intérieurement, je suis un zombie, c’est certain. J’entends mon frère laisser tomber sa tête contre la porte. Je sais qu’il s’inquiète pour moi. Il s’inquiète toujours pour moi. Mais j’ai encore besoin de rester sous cette couette. Le monde extérieur est une brute.
Do you remember feeling invincible? - Aaron a trois ans de plus que moi. D’aussi loin que je m’en souvienne, il a toujours dit qu’il était heureux d’avoir une petite sœur et qu’il veillerait sur moi quoiqu’il arrive. Et même s’il n’a pas été là la dernière fois, il l’a toujours fait. On a eu une enfance heureuse et on était deux gamins très proches, toujours collés aux basques de l’autre. Enfin, surtout moi collée aux siennes, s’il faut dire la vérité. On n’a jamais manqué de rien et on a toujours su qu’on serait des sorciers, nos parents l’étant aussi. On a grandi au cœur de New-York, cette ville à la fois moldue et magique et nos parents ont toujours voulu qu’on vive dans les deux mondes : pour eux, les deux devaient cohabiter car si la magie pouvait pratiquement tout faire, il fallait aussi être capable de se débrouiller sans. On ne sait jamais ce qui peut arriver.
Aaron est parti à Ilvermorny avant moi, évidemment. Et toutes ces années passées sans lui ont été un supplice. Heureusement qu’il y avait les vacances et aussi les lettres ! Je me souviens qu’on s’en envoyait beaucoup. Et puis quelques années plus tard, je l’ai enfin rejoint. Ma répartition est arrivée et lorsque je me suis retrouvée face aux quatre statues, j’ai eu la surprise d’en voir deux s’activer : le Womatou a rugi et l’Oiseau-Tonnerre a battu des ailes. J’ai croisé le regard d’Aaron, juché en haut du balcon. Un petit hochement de tête, un sourire fier. Le choix m’appartenait et j’ai choisir l’Oiseau-Tonnerre.
Si je passais encore pas mal de temps avec Aaron, je m’étais aussi fait mon lot d’amis. Beaucoup de garçons. Je sais que mon frère surveillait du coin de l’œil et que personne n’osait trop m’embêter parce qu’il n’était jamais bien loin. Et peut-être que c’est ça qui a causé ma perte dans cette école. On osait beaucoup de choses avec les copains. J’ai fini en retenue un paquet de fois. Et j’ai aussi compris pourquoi le Womatou s’était animé. Avec la bande, on ne réglait pas toujours les problèmes avec des duels de magie. Parfois, on laissait les baguettes de côté et on utilisait nos poings. J’ai appris à me battre avec eux. J’étais une brute par moments et je ne me laissais absolument pas faire. Alors voilà, on enchainait les conneries, les bagarres et si ça risquait de mal finir, il y avait toujours l’excuse Aaron qui arrivait.
Way I’ve never felt with another - Quelque part dans nos années à Ilvermorny, mon frère a fait son coming-out. Ca a été assez compliqué. Je l’ai vu sortir avec une fille, sans être bien avec elle. Je sais pas trop comment il a fini par assumer mais c’est à moi qu’il en a parlé le premier. Aux parents, il n’a rien dit. Je sais qu’il n’assumait pas, qu’il avait peur de leur dire. Mais moi je le comprenais et le soutenais. Il le dirait quand il serait prêt. Et je savais que nos parents l’accepteraient. Mais je comprenais aussi qu’il puisse avoir un peu peur.
Et puis, il a quitté Ilvermorny, me laissant seule dans cette école. Malgré cela, personne n’osait trop s’approcher de moi. J’avais déjà ma réputation et une très bonne bande en soutien. J’ai fait mes propres expériences de mon côté. Et puis j’ai un peu plus compris mon frère quand une fille m’a draguée et que j’ai tenté cette histoire. Je n’étais pas gay mais j’étais bisexuelle. Et tout comme mon frère, je n’ai rien dit à mes parents au début. A lui, par contre, aucune peur. Elle s’appelait Jenny et elle a été ma première petite amie. Mon frère nous a invitées à un de ses concerts. Ah oui. Aaron faisait partie d’un groupe ! Azkaban's Guardian qu’ils s’appelaient. On y est allées ensemble et j’ai vite compris qu’il y avait quelque chose entre mon frère et le chanteur. On s’est présentés nos moitiés après ce concert. Et on a fait nos coming-out ensemble auprès de nos parents. Comme je m’en étais doutée, ils ont très bien pris la nouvelle et rien n’a changé. Hayden, le chéri de mon frère, a même été très bien accepté, d’autant plus que leur relation semblait être très sérieuse.
Avec Jenny, ça n’a pas fonctionné, comme beaucoup d’amourettes adolescentes. Mais je ne la remercierai jamais assez d’avoir ouvert mon cœur. Après elle, il y eut quelques garçons et quelques filles. Jamais rien de trop sérieux jusque là mais je prenais confiance en moi malgré tout. Et tout a changé alors que j’allais entrer en dernière année à Ilvermorny.
I won't keep chasing ghosts - Hayden a commencé à disparaitre du jour au lendemain. Aaron se confiait beaucoup. On s’était toujours tout dit mais Hayden semblait garder le secret et une certaine distance. Alors j’ai posé une question indiscrète.
«
Tu penses qu’il te trompe ? »
«
Non. Ca j’en suis même sûr. Et je suis quasi sûr que même s’il ne dit trop rien, il repart régulièrement au Royaume-Uni et que ça concerne sa famille. Il parle sans cesse de nous deux, de cette complicité qu’on a toi et moi et que c’est précieux. »
J’ai fait confiance à Aaron. Il le connaissait mieux que moi. Et je savais qu’il était très amoureux de lui. Mais je ne sentais pas trop cette histoire. Et j’avais raison. Hayden n’est jamais revenu. Son frère a débarqué… Et on a appris la mort d’Hayden. Pour Aaron, ça confirmait ses doutes concernant sa famille. Mais il n’osait trop rien dire. Il pleurait surtout. Je l’ai soutenu du mieux que j’ai pu. Helios a débarqué dans nos vies et on a pleuré la mort d’Hayden ensemble. J’ai fini mes études à Ilvermorny en gérant un deuil. Ca n’a pas été simple…
You never thought I’d ever be something you want, something you need - A ma sortie de l’école, j’ai trouvé un petit boulot dans le journal du coin. J’aimais écrire et j’avais envie d’en faire mon boulot. J’ai été formée sur place avec de très bons journalistes et j’apprenais vite. Ce boulot me plaisait beaucoup et me permettait un peu de m’échapper du quotidien.
Sur mon temps libre, j’assistais beaucoup aux répétitions du groupe. Helios avait pris la place d’Hayden. Il avait beaucoup de talent. Avec Aaron, on l’a aidé à se faire une nouvelle vie ici et on s’est vite rapprochés. J’y ai trouvé un autre grand frère. On avait une belle complicité et il m’arrivait de les aider à l’écriture des chansons. Quand ils galéraient à trouver des rimes, des pieds… J’intervenais parfois et je dépannais. Je leur ai proposé quelques textes aussi. J’avais un peu ma place dans le groupe sans en faire vraiment partie. Mais c’est dans cette période là que tout a changé.
Une fois qu’Aaron a commencé un peu à se relever de la perte d’Hayden, j’ai commencé à me reprendre vraiment soin de moi. J’ai commencé à avoir des rendez-vous galants. Peu ont fonctionné. Je croyais plus vraiment en l’amour d’une certaine façon. Après ce qui était arrivé à mon frère… Un jour, on m’a posé un lapin et c’est là que Tyler est arrivé. Je le connaissais déjà très bien : il était le batteur d’Azkaban’s Guardian. On avait passé un peu de temps ensemble mais jamais pris le temps de parler. Bref, ce soir-là, c’est lui qui m’a invité à boire un coup. On a bien discuté, bien rigolé… Et je ne suis pas partie seule. J’ai fini chez lui et ce fut le début de notre histoire.
Les premiers temps, on n’a rien dit aux autres membres du groupe. Déjà parce qu’Aaron n’aurait pas forcément approuvé cette histoire. J’avais à peine dix-huit ans, tout juste majeure et je sortais avec un gars âgé de six ans de plus. Pas sûre que ça lui plaise. Pas sûre que ça plaise à Helios non plus. La vérité… C’est qu’on n’a pas pu cacher ça bien longtemps. A la fin d’un concert, il n’a pas pu s’empêcher de m’embrasser… Devant tout le monde. Well, tant pis pour le secret. Et comme je m’en doutais, ça n’a pas vraiment plu à mon frère. Il m’a pris à part pour en parler.
«
Je le connais depuis longtemps et il n’a pas toujours été très réglo avec les filles. Ca me plait pas. »
«
Je sais. Mais il est réglo avec moi. Très gentil et tout se passe bien. »
«
Mouais… Ca durera pas. »
«
C’est mon histoire. Ma vie. Je dis rien sur tes conquêtes. Et puis, je suis capable de me défendre, tu le sais ? »
Il a levé les bras au ciel. Il savait que ça ne servait à rien. Alors il est retourné voir Tyler.
«
Je tolère, je n’approuve pas. Que je ne la récupère pas en larmes parce que mon gars, t’auras intérêt de disparaitre vite. »
«
J’y compte pas. »
La menace n’était même pas voilée. Aaron n’a jamais complètement approuvé. Il s’est détendu avec le temps parce que Tyler débordait de petites attentions envers moi et que tout se passait à merveille. Mais je savais qu’il restait un peu sur ses gardes. Tyler m’a appris à jouer de la batterie. Apparemment, j’étais au moins aussi talentueuse que lui et une bonne élève. Fallait dire qu’avec un tel prof… Je suis tombée amoureuse. J’aurais pas dû.
I can't believe that I felt for it bad - Pendant quasiment deux ans, notre histoire a été merveilleuse. J’avais fini par m’installer avec Tyler, j’étais sa groupie préférée lors des concerts. Je me voyais sincèrement faire ma vie avec lui. Et les choses ont changé. Ca avait probablement changé bien avant maintenant que j’y pense. Parce qu’en dehors de lui, je ne voyais que mes collègues au boulot et les membres du groupe. Je ne parlais plus à mes amis d’école, j’avais perdu le contact avec tout le monde. En dehors des concerts et des sorties avec le groupe, je ne faisais rien d’autre. Il m’avait coupé du monde, sauf du groupe. Je pense qu’il savait parfaitement ce qu’il faisait. Il savait que me monter contre le groupe serait difficile. Me monter contre mon frère était une mission quasiment impossible. Il a pourtant essayé, j’en suis sûre. Mais personne n’a rien vu venir parce que le groupe faisait toujours partie de nos vies. Parce que je continuais à bosser. Parce qu’il agissait toujours très bien avec moi. La manipulation était plutôt un poison lent et sinueux.
Peu avant que ça ne dégénère complètement, Helios nous a fait part de vouloir retourner au Royaume-Uni. Que sa vie là-bas lui manquait. Si Aaron et moi savions les très grandes lignes de l’histoire, le reste du groupe ne savait pas et je n’avais rien dit à Tyler. On a été très compréhensifs, on l’a même un peu encouragé. Alors on a commencé à passer un peu plus de temps ensemble, pour préparer son retour. Tyler n’a pas apprécié. Il a essayé de me monter contre Helios. Ca n’a pas marché. Et un jour, tout a explosé.
«
Je t’interdis d’y aller. »
«
Tu… QUOI ? »
«
T’as bien entendu. »
«
Helios a besoin de moi. C’est mon ami, c’est le tien aussi. Tu m’empêcheras pas d’y aller. »
«
Passe cette porte et… »
«
Et quoi ? »
Je m’étais pas attendue à ce qu’il soit aussi rapide. Il m’a attrapé et m’a plaqué contre la porte avec force. Trop fort. J’étais à moitié assommée.
«
Tu es à moi. Je refuse que tu y ailles. Tu vas rester ici. Si tu passes cette porte, tu ne le reverras pas. »
Sa voix était glaciale. Son souffle dans mon cou aussi. J’ai frissonné. J’ai rien pu faire. J’ai senti sa main se déplacer sur mon corps et me caresser. Ses baisers étaient malsains. Le moindre geste était néfaste. J’ai rien pu faire. J’étais figée. L’acte est arrivé trop vite. Il était déjà trop tard quand j’ai commencé à me débattre. Il m’a bloqué un peu plus, m’a plaqué une deuxième fois contre la porte et j’ai senti un liquide couler dans mon dos. Je crois que c’est ça qui a déclenché les mouvements dans mon corps. Mon corps est passé en pilotage automatique. Il a trouvé une faille, levé le genou, lui a explosé les parties intimes, mon poing est parti dans son nez et j’ai trouvé la force de transplaner. Sincèrement, je sais pas comment j’ai réussi.
J’ai frappé à la porte devant laquelle j’avais atterri. Je suis tombée dans les bras d’Aaron avant même qu’il ne puisse dire quoique ce soit. Evidemment, la première chose qu’il a vu, c’est la blessure à l’arrière de ma tête. Il a su tout de suite.
«
Je vais le tuer. »
Je l’ai retenu alors qu’il allait partir. Là tout de suite, j’avais besoin de lui. Il l’a compris. Helios a débarqué aussi et les deux ont pris soin de moi. Ils m’ont demandé de raconter ce qu’il s’était passé et c’est ce que j’ai fait. Aaron bouillonnait. Il faisait les cent pas dans la pièce. Et quand j’ai terminé mon histoire, il a proféré sa menace de nouveau et il a transplané sans que je puisse le retenir. Helios était à côté de moi et je le vis se lever. J’ai su qu’il voulait le rejoindre. Je l’ai retenu. Un pauvre murmure.
«
Me laisse pas seule… »
J’ai senti son cœur se briser d’une certaine façon. Il s’est assis à côté de moi à nouveau et m’a pris dans ses bras. Je me suis endormie dans cette position. Je sais pas à quel moment Aaron est rentré. J’ai vaguement entendu la conversation.
«
Il est dans quel état ? »
«
Pire que celui dans lequel elle l’avait laissé. Vivant malheureusement, parce que je veux pas finir en prison. Mais il ira pas porter plainte, il sait qu’il vaut mieux pas. »
«
Bien joué. »
«
On va partir avec toi. Loin de lui. Pour qu’elle puisse se remettre. »
I'm not afraid, I can face my demons - Et me voilà à Londres, sous ma couette, Aaron posé contre la porte de ma chambre. J’ai perdu la notion du temps. J’ai pas retouché à la batterie depuis ce jour-là. J’ai pas non plus repris un stylo en main. Ils ont essayé de me sortir de ma grotte mais… C’était compliqué. Je mangeais très peu, j’étais absente. C’était compréhensible.
Je ne sais sincèrement pas combien de temps s'est passé depuis qu'on est arrivés à Londres. Je sais que j'ai rencontré des personnes fort sympathiques, notamment Louis qui semble faire craquer mon frère. Et il y a Juliette aussi avec Helios. Elle ne m'aime pas trop et j'avoue que j'ai tendance à vouloir m'en amuser. Je ne connais pas assez ces deux personnes pour leur montrer ma vulnérabilité et je pense faire un bon boulot en leur montrant une autre facette.
Et Helios a voulu remonter le groupe. Aaron a été partant tout de suite. Louis les a rejoints. Il ne manquait qu'un batteur. Ou une batteuse. Moi, en l’occurrence. Sur le coup, je me suis dit que c'était une mauvaise idée. Après tout ce qui s'était passé… Et lorsque les premières notes de guitare ont résonné dans l'appartement, je n'ai pas pu résister à aller m'installer sur le canapé à côté des garçons. La magie de la musique. J'ai compris que ma place était là, à leurs côtés. Alors j'ai rejoint le groupe. Et j’ai mis tout mon cœur dans la musique. Ca m'a permis de sortir un peu de ma catatonie. Le groupe a été mon échappatoire. Doucement, j'ai même repris l'écriture et j'ai mis tout ce que je ressentais dans des chansons.
Je dis pas que je vais bien. C'est pas le cas. Mais disons que chaque jour, ça va un peu mieux et je trouve au moins une raison de me lever. J'ai pas envie de me morfondre plus pour une personne qui ne me méritait pas. Et puis, je suis entourée de merveilleuses personnes qui ne me laisseront pas tomber. Alors voilà où j'en suis : plus tout en bas, loin encore du haut… Quelque part entre les deux. A tout faire pour aller mieux et avancer. Pas à pas.